Dans les forêts de Sibérie / Safy Nebbou





De Safy Nebbou  Avec Raphaël Personnaz, Evgueni Sidikhine. (Date sortie : 15/06/2016).

Librement adapté du livre de Sylvain Tesson : Dans les forêts de Sibérie.
Remarquable interprétation de Raphaël Personnaz, à laquelle s’ajoute la beauté des paysages, et le fabuleux talent d’Ibrahim Maalouf qui en signe la musique, ce film fidèle à l’esprit du livre est à ne pas manquer.

Ce qui est ici mis davantage en valeur, ce qui ressort majestueusement, est le dépouillement, la solitude et la dureté de cette retraite solitaire. La beauté du lac Baïkal, et de ses paysages glacés et hostiles saute aux yeux, grâce à cette vision sur grand écran.

Mais les puristes de l’écriture de l’écrivain-voyageur Sylvain Tesson, les adeptes de son «Dans les forêts de Sibérie» pourront regretter les entorses de Safy Nebbou à l’histoire brute, d’un homme venu faire un voyage purement intérieur, par la seule écriture et la lecture de grands auteurs, qui lui tiennent seuls compagnie.

Le film est plus romancé par une rencontre d’un homme russe qui se cache depuis 12 ans dans ces forêts de Sibérie, une belle amitié que ne connait pas le Sylvain Tesson des Forêts de Sibérie.

En cela, le documentaire qui existe déjà sur internet, et réalisé par Sylvain Tesson est bien plus fidèle et calqué sur la vraie histoire, qui si elle apparaît dans le personnage joué par Raphaël Personnaz, est malgré tout transformée à la fois d’une manière plus brute et sauvage (les tempêtes de neige redoutables dont l’image renforce la violence ou la difficulté à creuser la glace pour trouver une source d’eau) et en même temps désincarne l’ermite si profondément amoureux de la littérature, qu’il l’évoque à chaque page du roman ; ce qu’oublie le film qui survole cet aspect de ces mois passés dans une cabane (1h45 de film obligeant à faire des choix plus visuels qu’introspectifs et à privilégier l’esthétique sur une intériorité invisible bien que riche, mais aucunement photogénique).

Mais l’esprit est bien là : Raphaël Personnaz confiant : «Avant j’avais une vie ennuyeuse et vide, je n’avais rien construit. Ici, je me sens vivant.» est bien entré dans la peau de Sylvain Tesson, en assurant que son personnage par cette retraite sera enfin en mesure de faire les choix qui changeront son existence, pour qu’elle corresponde à ses aspirations.

Film et philosophie enthousiasmants qui prône qu’une autre existence est possible, que nous sommes en mesure de choisir la vie à laquelle nous aspirons, à la seule condition, immense, mais à la portée de tous, de s’en donner les moyens !

Sylvain Tesson n’a-t-il pas choisi comme citation en exergue de son roman «Dans les forêts de Sibérie», cette magnifique phrase de Montherlant «La liberté existe toujours, il suffit d’en payer le prix.» ?

© Véronique Meynier, le 16/06/2016

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